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Préparation de remèdes avec les esprits de la Nature

Dans notre aventure semi nomade qui égaye notre existence ces derniers mois, Stéphane et moi avons posé nos affaires pour quelques jours près de Saint Guilhem le Désert, petit village niché au creux d’une vallée irriguée par le bel Hérault.

Nous y avons trouvé, après une courte descente escarpée dans les rochers, un endroit paisible et ressourçant au bord de l’eau. L’endroit nous a subjugué par son silence. Le fleuve ne faisait pas un bruit. Il coulait à nos pieds dans la délicatesse la plus pure. Nous n’avions plus une parole à échanger entre nous tant tout était dans l’air. Parmi les amoncellements de rochers, une multitude de petits platanes et de petits figuiers sortaient une tête hirsute. Le paysage était très inattendu et nous nous sommes aussitôt sentis bienvenus sur ce rivage.

Nous avons demandé au lieu si nous pouvions « officier » ici et il nous a semblé que oui. Nous reviendrions donc le lendemain avec nos macérâts concentrés à diluer.


Le lendemain, après avoir pris un temps pour saluer le village en sillonant quelques unes de ses ruelles de pierres, nous avons rempli un bidon d’eau à une fontaine et avons repris le chemin vers le rivage de la veille, les bras chargés de nos cartons de fioles.

Après nous être installés, Stéphane a ouvert la cérémonie de travail en jouant un air de flûte. S’en est suivi une prière d’ouverture pour appeler et remercier tous les esprits qui prennent part au Travail, l’esprit du lieu, de la rivière, des animaux, des plantes, l'énergie de guérison…

Puis les bénédictions.

Nous avons ensuite commencer les dilutions.

Pour chaque remède, la préparation comprend non seulement les gestes techniques de mélange dans de l’eau puis dans de l’alcool et du miel, mais elle comprend surtout des temps de prières qui jalonnent chaque étape, des bénédictions pour tous les êtres qui auront besoin de ces remèdes, des invocations aux esprits des plantes et à la bienveillance de l’énergie de guérison, encore des bénédictions et une longue dynamisation.

Lorsque l’eau est ajoutée au macérât concentrée, première étape de la dilution, une première dynamisation se fait au rythme d’une prière. Les molécules d’eau viennent fusionner avec les molécules du macérât. L’eau rencontre le remède. Les deux s’harmonisent, s’informent mutuellement et négocient une dilatation de leur propriété. La prière s’invite dans cette rencontre et le verbe vient se poser sur chaque molécule en douceur. Le coeur et la main de l’homme battent une cadence ronde et binaire, offrant un mouvement de flux et de reflux continu.

C’est ensuite un mélange d’alcool et de miel qui est ajouté, et le processus de dynamisation reprend de plus belle.

Après que nous ayons mis en bouteilles quelques préparations, nous avons chacun senti, à sa façon, la présence de nombreux esprits qui participaient à ce travail . Ils étaient partout. Nous étions dans un autre monde. Le monde de la forêt, de la nature. Peuplé de ces entitées féériques qui ont tant à partager.

Les poissons bondissaient hors de l’eau, des bruissements de feuilles s’élevaient ici et là, une libellule majestueuse, messagère de la rivière, tournaient autour de nous sans s’éloigner jamais.

Et puis là, sous nos pieds et en face de nous, les rochers prenaient des apparences de visages.

Après quelques heures passées dans le silence à faire ces dilutions de macérâts de bourgeons d’arbres, nous avons finalement plié nos affaires. La nuit commençait à tomber.

Au moment de commencer à avancer dans les rochers pour retrouver le bord de la route, au moment où nous allions nous mettre en marche, la libellule est venue se poser sur notre dernier flacon pendant quelques secondes. Elle est ensuite repartie et a disparu alors qu’une lune presque pleine se levait dans le ciel.

Nous savions que cela était un signe amical de la Nature et nous en avons eu chaud au coeur.


Marie

22 septembre 2018



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